Sur la toile, la culture de l’avocatier pose question.
Deux aspects attirent l’attention des consommateurs et méritent certains éclaircissements.
Le premier concerne la pollinisation des arbres, notamment la mise en cause des pratiques apicoles, contraires au véganisme.
La deuxième tient à l’impact des plantations d’avocatiers gourmandes en eau…
Alors que faut-il penser de l’avocat ?
Ses qualités nutritionnelles avec notamment son apport en acides gras insaturés en ont fait un fruit incontournable de divers régimes crudivores ou véganes. Mais quel est le bilan écologique de la culture de l’avocatier ?
Nous avons mené l’enquête auprès de notre producteur espagnol pour éclaircir ces questions importantes.
Les pratiques apicoles des vergers conventionnels d’avocats
Dans les vergers conventionnels, la collaboration avec les apiculteurs est fréquente.
Selon les cycles de floraisons, des ruchers sont ainsi déplacés et disposés aux abords des plantations afin que les abeilles fécondent les arbres et favorisent la fructification : c’est ce que l’on appelle la transhumance.
Cela représente un échange gagnant-gagnant pour l’apiculteur et l’arboriculteur.
Néanmoins, le cadre industriel et le déplacement des abeilles peuvent rebuter certains consommateurs estimant que le stress des insectes est contraire à l’éthique de production à laquelle ils adhèrent.
Le recours à la transhumance, qui dépasse largement la seule culture de l’avocatier, recentre l’intérêt sur des vergers de plus petites échelles où les ruchers sont partie intégrante, et où les producteurs suivent une démarche qui privilégie la qualité à la quantité.
Pourquoi les avocats de Jurassic Fruit sont-ils véganes ?
En effet, dans les campagnes mieux préservées et moins spécialisées, les populations d’abeilles domestiques et sauvages ainsi que la foule de pollinisateurs autochtones suffisent pour la pollinisation des vergers.
Chez notre producteur en Espagne, nul besoin de transhumance.
Les pollinisateurs naturels et les petits ruchers assurent la bonne fructification des arbres.
Le vent peut lui aussi jouer son rôle, quoique plus aléatoire.
Les abeilles opérant généralement dans un secteur de trois à quatre kilomètres autour de la ruche, il est fort peu probable que les avocats de Jurassic Fruit aient été le fruit d’une pollinisation non respectueuse de l’éthique végane.
L’avocat, trop gourmand en eau ?
Contrairement à ce que l’on peut parfois lire, les avocatiers ne sont comparativement pas des arbres trop gourmants en eau.
Mais à ce sujet, le maître mot c’est la méthode culturale.
À savoir les techniques mis en place par l’arboriculteur dans son verger en vue de la juste irrigation des arbres. La consommation en eau peut alors varier du simple… au quintuple !
Mais il n’y a pas que ça : le climat, la pluviométrie et la structure du sol sont autant de variables déterminantes pour évaluer le bilan écologique des plantations d’avocatiers.
Cela nous amène au cœur du problème : en ce qui concerne la quantité d’eau requise pour l’irrigation, l’énorme différence réside dans la méthode de culture adoptée par le producteur.
Sur les plantations conventionnelles où l’on contrôle les adventices par l’usage d’herbicide, le sol est à nu. Les feuilles des avocatiers sont également retirées pour contrôler l’état sanitaire des plantations basées sur la mécanisation et l’usage de produits phytosanitaires de synthèse. Les grandes quantités d’eau requises pour assurer un rendement industriel (environ 50 litres par arbre et par jours en août, 20 à 30 litres en juin et juillet) sont sujettes à une évaporation très importante sur les sols nus.
L’eau est pour ainsi dire gaspillée.
Les vertus de la permaculture
Chez notre producteur, c’est tout le contraire.
Depuis le début de son activité, il a appliqué des méthodes inspirées de la permaculture. Tous ses sols sont couverts.
Deux techniques retiennent son attention : le paillage, et la couverture du sol avec des coquilles d’amande. Cette dernière est selon lui incomparable. Très riches en potasse, les coquilles améliorent le sol et garantissent la fertilité sur le long terme. En se décomposant elles forment une couche aérée, parfaite pour le développement des racines des arbres, mais difficile à percer pour les adventices.
Toutefois, c’est une méthode qui reste chère. La quantité requise pour former une couche de 25 cm d’épaisseur est considérable. Le temps passé à l’épandage est lui aussi important.
C’est pourquoi notre producteur a généralement opté pour le paillage dès ses débuts. Il convient toutefois de répéter l’opération tous les deux ans sur la même plantation car la couverture est moins efficace que pour la coquille d’amande. De plus la paille se décompose plus vite.
Pour ce qui est des plantes non désirées, il défriche régulièrement et laisse la matière organique se décomposer sur place aux pieds des arbres. Les tailles des arbres sont également broyées et épandues sur le sol. De cette manière il limite les intrants et améliore naturellement la fertilité des sols.
Un avocat respectueux du vivant
La couverture du sol permet de réaliser de très importantes économies en eau lors de la période critique au cœur de l’été.
Au lieu d’un arrosage quotidien dans les plantations normales, ici une irrigation hebdomadaire suffit en temps normal : tout au plus 90 litres par arbre le jour de l’arrosage (soit environ treize litres par jour contre cinquante dans l’agro-industrie). Par ailleurs, cette technique a l’effet bien connu de ramener au verger tout une faune et d’œuvrer ainsi à l’accroissement de la biodiversité.
Une chose à retenir donc : la question de l’arrosage, comme celui des abeilles et du bilan écologique en général est avant tout relatif aux pratiques culturales.
D’autre part, l’Espagne représente pour les consommateurs européens le lieu de production le plus proche et donc une empreinte carbone bien moindre que les avocats sud-américains ou sud-africains.
Le seul problème avec ce regain de biodiversité… ce sont les sangliers qui trouvent dans ses sols tout ce dont ils raffolent !